
« Cherchons-nous les bons candidats ? » Cette question en apparence simple posée par le cabinet McKinsey en juillet 2022 résonne particulièrement fort dans un contexte de guerre des talents. Les chiffres en France sont sans équivoque : 61 % des recrutements sont jugés difficiles, le temps d’embauche d’un cadre a augmenté de 22 % depuis 2020, et le nombre de démissions atteint des records, avec 80 % des démissionnaires retrouvant un emploi six mois après.
Un marché du travail défavorable aux employeurs
Face à ces défis, concentrer ses efforts uniquement sur la problématique du recrutement sans remettre en question les pratiques de rétention pourrait être assimilé à remplir un panier percé. Les leviers traditionnels d’attraction et de fidélisation, tels que la rémunération, les titres, et les perspectives d’avancement, montrent leurs limites. L’institut Jean Jaurès souligne à juste titre que les difficultés à recruter et à fidéliser ne proviennent pas d’un manque de volonté de travailler, mais plutôt du fait que le travail tel qu’il est proposé ne séduit plus.
Le sens au travail : un levier puissant de rétention
Dans ce contexte, les entreprises persistent à s’appuyer sur des leviers traditionnels qui, bien que cruciaux, ne répondent plus aux aspirations nouvelles des collaborateurs. La pandémie récente a provoqué une réévaluation générale de la place du travail dans la vie des individus, créant ainsi un vivier de talents en dehors des voies traditionnelles.
Le levier du sens au travail, l’un des deux vecteurs les plus puissants de rétention, est souvent négligé. Actuellement, 43 % des actifs envisagent de quitter leur emploi dans les deux prochaines années pour un autre porteur de plus de sens.
Du collectif à l’individuel : comprendre le sens au travail
Il est essentiel de distinguer entre la recherche de sens au niveau collectif et individuel. Une approche collective, bien que fondamentale, ne doit pas occulter le caractère personnel et individuel de la question du sens au travail. Une confusion fréquente entre sens et finalité conduit à penser à tort que certains métiers ont du sens et d’autres non.
Rétention par le sens individuel
Les entreprises doivent accompagner leurs collaborateurs dans la quête individuelle du sens au travail et les aider à trouver un projet aligné avec l’ensemble de ces dimensions. En négligeant cette démarche, elles passent à côté d’un levier majeur d’engagement et de rétention, ainsi que d’un élément différenciateur fort dans leur promesse employeur.
Un collaborateur dont le projet professionnel est porteur de sens est en moyenne deux à trois fois plus engagé, et son intention de rester dans l’entreprise augmente de 50 %. C’est donc une invitation à secouer les pratiques de rétention traditionnelles et à explorer de nouveaux horizons où le sens individuel au travail devient la pierre angulaire de la fidélisation des talents.